La seule justification réelle de la vie est la vie elle même.
La colère qui a fait exister Nous Sommes est intacte, voire plus importante encore. Nous voulons une ville plus juste, plus écologique et surtout une ville appartenant à ses habitant.e.s. Le Covid-19 et l’explosion de la pauvreté ont accentué notre détermination. Au premier tour de cette élection insincère et perturbée par la gestion calamiteuse de la crise sanitaire par le Gouvernement, nous avons raté de peu le deuxième tour.
Il y avait alors 3 choix possibles :
- négocier seuls quelques strapontins avec les candidats encore en lice
- négocier de manière offensive la considération de nos voix, ajoutées à celles de Rémi Gaillard et de Clothilde Ollier, et obtenir des candidats du second tour a minima une minorité de blocage au sein de leur liste (c’est à dire être suffisamment nombreux pour empêcher une décision)
- se retirer.
Le premier choix n’en était pas un : nous avons considéré qu’il nous faudrait voter entre les deux autres à l’issu des négociations.
Notre participation aux négociations du second tour a appuyé chacune des phrases longuement pesées de notre Manifeste qui, tout au long de notre campagne, a porté notre motivation : nous voulons mettre fin à la cousinade dans laquelle se complaisent les membres du système PS et leurs alliés depuis trop longtemps. Nous avons essayé tant bien que mal de faire comprendre au candidat du système PS qu’il se devait de prendre en compte un électorat plus large que celui qui l’a mené au second tour… mais :
- il a refusé de stopper les pratiques douteuses d’antan : proposition de strapontins, intimidations politiques, mépris envers de simples citoyens engagés, discrimination de certains de nos candidats pour des raisons religieuses ou politiques
- il a fait preuve d’un manque d’engagement fort autour de l’écologie : refus d’abandonner le contournement routier de l’ouest montpelliérain (COM), refus de parler programme, aucun engagement concret
- il a balayé l’idée d’une réelle démocratie municipale, incluant un nécessaire partage du pouvoir, trop attaché à l’entre soi qui a maintenu sa cousinade aux responsabilités à Montpellier depuis des décennies.
Une alliance avec le PS, loin d’être « naturelle », s’est donc avérée impossible : leurs représentants actuels sont en grande partie la cause des maux que subit notre ville.
Face à ce mur, nous avons pris une décision audacieuse. La décision responsable, difficile, courageuse. Une décision semblable à celle prise par nos amis à Barcelone, lorsqu’ils ont été élus avec les voix de Manuel Valls, et fait alliance avec le Parti socialiste espagnol. Cela a choqué, troublé, interrogé… mais aujourd’hui ils continuent de changer la vie des gens et rendent tous les jours Barcelone plus résiliente, plus solidaire.
Si nous avions été au second tour, nous aurions nous aussi dû partager le pouvoir, faire des alliances. C’est le résultat du mode de scrutin des élections municipales, et c’est plus largement le sens de la politique. Le reste n’est que posture.
Nous avons trouvé des garanties démocratiques avec l’équipe du candidat Mohed Altrad. Nous avons des désaccords sur certains sujets mais il a respecté nos lignes rouges.
Elles ont été posées sur la table de manière claire et sans ambiguïté.
Trois points clés ont fait consensus dans notre accord :
- Nous allons ensemble mettre en place un plan de relance écologique pour notre ville. Loin de l’austérité promise, ce plan de relance rassemble nos complémentarités : les budgets de la Ville et de la Métropole seront essentiellement dédiés à prendre soin des plus fragiles, à sauver nos commerces et les activités économiques, à créer de l’emploi et à s’engager véritablement dans la transition écologique. Les engagements programmatiques sont au cœur de chacune de nos réunions de travail.
- Nous allons partager les pouvoirs entre Ville et Métropole,
- Nous avons obtenu les moyens d’appliquer notre politique. En cas de victoire, nous disposons d’un tiers des sièges au conseil municipal, empêchant ainsi tout fonctionnement autocratique. Nous mettrons ainsi toutes nos compétences en gouvernance partagée pour faire de ce conseil un espace de dialogue productif, au service des montpelliérain.e.s.
Une fois cet accord négocié, le mouvement a décidé s’il préférait suivre ce scénario ou se retirer. Collectivement et de manière transparente, par un vote interne solennel, nous avons fait le choix de poursuivre la lutte pour changer la vie des gens. La majorité d’entre nous a considéré que chaque élu compterait, que chaque élu issu de nos rangs serait un élu en moins issu des leurs.
Nous prenons de nombreux coups et ils nous font mal : ils viennent de personnes qui jusqu’ici nous ont suivi, de personnes qui nous aiment, de personnes qui ne comprennent pas les raisons de ce choix. D’autres nous expriment qu’ils ne nous font plus confiance. Nous prenons de nombreux coups et pourtant nous assumons nos choix.
Aucun de nous n’est porté par la recherche d’argent, de gloire, de carrière. Nos convictions sont stables. Notre pragmatisme est ce qui nous caractérise depuis le début, et soyez-en sûrs : rien n’est venu effriter notre lucidité.
Nous nous sommes assurés les moyens de notre politique avec un nombre d’élu conséquents : le triangle Nous Sommes, Gaillard, Ollier aura 22 élus sur les 45 sièges que compte un exécutif en cas de victoire. Un accord politique de cette nature n’est pas possible avec des partis politiques traditionnels.
Nous ne nions pas les risques mais l’histoire s’écrit en tournant des pages, et comme le disait le plus éminent concubin de Simone de Beauvoir, “il n’y a pas de ciel, il y a du travail à faire, c’est tout”. Pour cela, on est encore là.