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On dit souvent que l’Histoire ne retient que les grands hommes. Si vous vous êtes intéressé·e à celle de Montpellier et des nombreuses personnalités qui lui sont associées, il est fort probable que les noms de Guilhem, Jacques d’Aragon, Guillaume de Rondelet, Arnaud de Villeneuve, François Rabelais, Jules Émile Planchon ou encore Jules Pagezy vous évoquent quelque chose. Mais pouvez-vous en dire autant de Marie de Montpellier, Simone Demangel, Sabine Zlatin, Elisabeth Bouissonade, Suzanne Babut, Marie-Caizergues ou encore Agnès Mclaren ?

À l’occasion de cette journée internationale des femmes, nous avons fait le choix de rendre hommage à trois montpelliéraines, dont l’histoire personnelle s’est mêlée à celle de notre ville.

  • Simone Demangel, résistante et pionnière à la mairie

    Simone Demangel, née en 1903 à Paris, est l’une des grandes figures de la Résistance héraultaise. Elle s’installe en 1928 à Montpellier pour suivre son mari, nominé comme professeur à la faculté des Lettres. Entrée dans la résistance dès la signature de l’armistice en 1940, où elle agira sous le faux nom de Pauline avec une détermination sans relâche : hébergement de parachutistes, garde de dépôts d’explosifs, aide aux enfants juifs ou encore organisation du service social des Forces Francaises de l’Intérieur (FFI) de la région de Montpellier. Recherchée par la Gestapo, elle rejoint le maquis Léon près de Clermont-l’Hérault en 1943, et entre dans la clandestinité comme agent de liaison pour le Mouvement national des prisonniers de guerre et déportés du capitaine Maurice Planès. À la Libération, elle est élue conseillère municipale en 1945, déléguée à l’assistance, ce qui fait d’elle l’une des toutes premières femmes à mettre un pied dans la mairie, et la seule à recevoir une délégation. Elle finira ses jours à Castelnau-le-Lez où elle décède en 1995, laissant son nom à une maison de retraite montpelliéraine.

  • Elisabeth Bouissonade, meneuse de révolte

    En 1643, un impôt extraordinaire levé à l’occasion du couronnement de Louis XIV, et perçu comme injuste car visant plus particulièrement les artisans et domestiques, va semer les graines d’une révolte qui éclatera à Montpellier au début de l’été 1645. C’est autour de la figure d’Elisabeth Bouissonade que plusieurs centaines de femmes, dites de basse condition, vont se réunir au mois de Juin et pourchasser à travers de la ville les impopulaires fermiers généraux, les percepteurs d’impôts de l’époque. En Juillet, la révolte se durcit, les hommes rejoignent leurs épouses, et on dénombrera une vingtaine de morts ce qui amènera le jeune Louis XIV à s’émouvoir de l’affaire. Il accordera son pardon en 1647 mais sans l’étendre à Elisabeth : celle-ci finira pendue en place publique le 9 mars de la même année, afin d’inspirer la crainte et écarter tout désir de révolte chez les habitant·e·s de la ville. Sa postérité sera assurée en 1979 lors de l’ouverture d’un foyer d’accueil pour les femmes victimes de violences conjugales, le CHRS Bouissonade.

  • Agnès McLaren, suffragette et première diplômée de la faculté de médecine
    Née à Édimbourg en 1837, Agnès McLaren s’engagera jeune dans le combat pour le droit de vote des femmes en Écosse. L’idée qu’une femme puisse exercer la médecine fait scandale à l’époque et lui ferme les portes de l’université d’Édimbourg, ce qui l’amènera à rejoindre les bancs de la faculté de médecine de Montpellier,où les étudiantes sont admises depuis 1868. En 1878, elle est la première élève à soutenir une thèse, la sienne étant consacrée à l’« Etude sur les flexions de l’utérus », et sera la première femme diplômée de la faculté de médecine de Montpellier ainsi que la dixième de Grande-Bretagne. Son début de carrière se partage entre l’Ecosse et la France, à Édimbourg et à Cannes. À partir de 1905, elle s’engage dans des missions de médecine humanitaire en Inde, et s’illustre particulièrement auprès des femmes indiennes qui ne peuvent être soignées par des hommes, allant jusqu’à créer l’hôpital Sainte-Catherine qui leur sera dédié. Elle décède à Antibes le 17 avril 1913. Le 12 avril 2019, la faculté de médecine a donné son nom à la salle de simulation des accouchements, inaugurée en présence d’un de ses petits neveux ainsi que de l’association grabelloise portant son nom.

Si nous avons choisi de mettre en lumière ces trois personnalités, bien d’autres femmes ont également leur mot à dire, qu’il soit aujourd’hui connu et documenté ou bien encore prisonnier des oubliettes de l’Histoire…

C’est l’occasion pour nous de vous recommander la lecture du dernier livre de Jo Papini, « Montpelliéraines sans pareilles », qui revient sur le parcours de quatorze montpelliéraines, bien souvent méconnues, mais qui ont pourtant marqué, à leur manière, le cours de la vie du Clapas.

Article publié le : 9 mars 2021