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« On ne s’assied pas sans conséquence sur le peuple, parce que le peuple, il pique ! »

G. Frêche, documentaire « Le Président », Yves Jeuland, 2010

En ce 24 octobre, date anniversaire des 10 ans de la disparition de Georges Frêche, l’occasion nous est donnée de rendre un hommage à celui qui fut, entre autres mandats, le Maire de la Ville de Montpellier de 1977 à 2004. Quel hommage souhaitons-nous rendre ? Sans verser ni dans l’hagiographie ni dans la diatribe, nous considérons Georges Frêche comme il fut : une personnalité hors normes, imprégnée de son époque, avec ses géniales inspirations et ses tristes habitudes de despote.

« Sa » ville, notre héritage

En 1977 et durant ses premiers mandats, il y a chez Georges Frêche un élan et une audace dans lesquels notre jeune mouvement se reconnaît. Sa vision a bousculé et changé les imaginaires locaux. Elle s’est incarnée dans de nombreuses réalisations qui ont fait la preuve de leur utilité, de leur pertinence : les Maisons pour Tous, le réseau de médiathèques, le développement de la culture, les équipements publics notamment sportifs, la piétonnisation de l’écusson, le lancement du tramway… Au fil des ans, la petite bourgade de « province » est devenue une grande technopole, connue pour son cadre de vie, ses festivals culturels et ses clubs sportifs.

Mais cette vision a un côté moins reluisant, faite de grands projets dont nous payons encore aujourd’hui les conséquences : une deuxième gare inutile au milieu de terres agricoles, un centre commercial gigantesque, Odysseum, taillé pour les franchises qui nuisent aux commerces indépendants du centre-ville, le retard pris dans l’action pour l’urgence climatique, … Surtout, comme tant d’autres décideurs de sa génération, il fut un Maire obsédé par « l’attractivité du territoire » : il a ainsi entretenu et dopé une croissance urbaine et démographique continues, sans que les infrastructures de transport, les services publics et la qualité de vie ne suivent. Ces choix ont été faits au détriment de la Nature, au détriment de la concertation avec les habitants, au détriment d’un développement soutenable. Ces choix ont été faits par un homme seul, parfois visionnaire mais invariablement autocrate, dans une ville qu’il considérait comme « sienne ».

Un animal politique

En janvier 2020, autour d’Alenka Doulain, c’est au pied de la statue de Georges Frêche que notre mouvement a présenté sa liste de 65 personnes, constituée et ordonnancée selon une méthode participative inédite. Nous souhaitions à la fois lui rendre hommage, et proposer aux habitants de tourner la page de son règne. Car nous n’oublions pas qu’il a formé et installé toute une génération de notables locaux, qui aujourd’hui encore s’accroche aux strapontins des conseils municipaux, départementaux et régionaux. Nous n’oublions pas, cependant, son indépendance et son courage lorsque parfois les vieilles logiques partisanes ont tenté de lui imposer une marche à suivre. Mais avec Georges Frêche, l’exercice du pouvoir s’est au fil du temps traduit par une course aux mandats, une course à l’outrance et au coup médiatique, s’éloignant ainsi peu à peu de la défense de l’intérêt général. Ses héritiers, naturels ou autoproclamés, semblent en avoir gardé les plus mauvais côtés… sans les qualités.

Pour le mouvement Nous Sommes, la politique n’est plus une affaire d’égo solitaire, mais un exercice d’intelligence collective : à « l’éléphant » du parti socialiste, nous préférons les milliers de fourmis qui, patiemment, coopèrent, construisent leur habitat et les conditions de leur résilience.

Georges Frêche, votre nom restera longtemps gravé dans l’histoire de notre ville. Avec toutes les nuances qui s’imposent, nous saluons votre action. Mais, nous ne sommes pas vos héritiers : nous sommes votre relève.

Article publié le : 25 octobre 2020