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Lundi 5 octobre, l’Assemblée Nationale doit voter une dérogation permettant l’usage de néonicotinoïdes interdits en France depuis 2 ans. En effet, le lobby de la betterave à sucre demande au gouvernement de ré-autoriser leur usage jusqu’en 2023, menaçant que la France pourrait perdre 50% de sa production. 

Pourquoi les néonicotinoïdes sont interdits ?

Outre le fait qu’ils tuent les pucerons qui transmettent aux betteraves les virus de la jaunissent, ils sont : 
  • mortels pour les abeilles et autres pollinisateurs ;
  • toxiques pour “d’autres groupes d’animaux comme les invertébrés terrestres et aquatiques, les poissons, les amphibiens, les reptiles ou encore les oiseaux insectivores, les rongeurs et les chauve-souris ;
  • toxiques pour les humains : « [ils] pouvaient affecter le développement des neurones et des structures cérébrales chez l’humain conduisant à altérer des fonctions telles que l’apprentissage et la mémoire de l’adulte. Les effets pourraient encore être majorés chez l’enfant ou le fœtus ainsi que pour d’autres populations à risque (femme enceinte, personne âgée, personne malade…). »

Mais si on risque de perdre la moitié des récoltes, ça vaut le coup non ?

Et bien ça se discute !
Tout d’abord, on ne risque pas de pénurie en sucre même si on perdait 50% de notre production. En effet, la France est aujourd’hui le second producteur mondial de betterave à sucre et exporte une bonne partie de sa production.
Graphique des plus grands producteurs de betterave à sucre en 2017Les pertes impacteraient donc seulement la balance commerciale de la France.
De plus, le chiffre de 50% de perte correspond à la fourchette haute des estimations, on parle plutôt d’une fourchette comprise entre 30 et 50% pour l’année 2020. Concernant les années suivantes des alternatives peuvent être mises en place :
  • Agro-écologie et bio-contrôle : il s’agit de rendre accessible les parcelles de betteraves aux prédateurs des pucerons (coccinelles, syrphes, libellules) en leur offrant un habitat au sein des parcelles (haies, mares, arbres, etc.). 
  •  Variétés résistantes à la jaunisse : elles sont en cours de développement en Angleterre. Mais leur développement a été ralenti par l’usage quasi exclusif des néonicotinoïdes qui n’a pas laissé de place pour le développement d’alternatives. 
Au regard du risque systémique important que comporte l’usage des néonicotinoïdes, et de la pression qu’ils exercent sur l’ensemble du vivant, la solution d’une ré-autorisation temporaire ne nous semble pas pertinente. Il est nécessaire de passer dès aujourd’hui à une agriculture respectueuse du vivant qui minimise les externalités négatives sur notre environnement. C’est pourquoi un passage à l’agro-écologie permettra une réponse efficace et durable aux risques phytosanitaires.
Demain nous appelons les députés à voter contre cette proposition.
Pour aller plus loin
Il est nécessaire de repenser notre système agro-alimentaire. Aujourd’hui orienté vers une sur-production, sur-spécialisé et dopé aux intrantsson objectif n’est plus de nous nourrir mais de produire une valeur marchande
Pourquoi produire 45 millions de tonnes de betteraves si nous ne consommons que 5 tonnes de sucre ? Pourquoi importer d’Espagne et d’Italie tous les fruits et légumes que nous ne produisons pas en raison de cette sur-spécialisation ? Aujourd’hui la Bretagne importe plus de 50% de sa consommation de sarrasin de Chine ou tu Bretagne car elle préfère produire des cochons (et des champs de maïs pour les nourrir) qu’elle exporte ensuite vers l’Allemagne. 
Transformons notre agriculture pour produire ce que nous consommons. Luttons contre l’effondrement de la biodiversité. Établissons un nouveau système résilient et durable. Créons une agriculture paysanne qui permet aux agriculteurs de vivre dignement de leur travail. 
Pour cela engageons nous « Pour une autre PAC ». Car c’est bien la Politique Agricole Commune qui oriente le fonctionnement de notre système agro-industriel d’aujourd’hui. Pour une autre PAC est une plateforme de réflexion et d’action afin de mettre la prochaine Politique Agricole Commune à notre services tout en conciliant les objectifs de :
  • Valorisation du métier de paysan·ne
  • Durabilité de l’agriculture
  • Souveraineté alimentaire
  • Respect du bien-être animal
  • Dynamisme du tissu rural
  • Cohérence avec le développement des paysan·ne·s du Sud
  • Lutte contre les changements climatiques
Votre voix compte, rejoignez : https://pouruneautrepac.eu/
Article publié le : 4 octobre 2020